Anesthésie
- Polio.ch
- 14 mai
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L’anesthésiste devrait disposer d’informations approfondies sur la poliomyélite et être conscient que cette maladie entraîne la perte de cellules motrices de la corne antérieure. Il doit savoir que dans près de deux tiers des cas, il s’agit de la forme spinale et dans un tiers, de la forme bulbaire. Et qu’une combinaison de ces deux formes (bulbo-spinale) est aussi possible.
Les patients atteints de SPP ayant vécu une narcose se sentent particulièrement désécurisés avant une opération.
Les patients atteints de SPP nécessitent un temps de réveil prolongé et une plus longue convalesence.
Avant l’opération
Les risques liés à l’anesthésie et à l’opération doivent être pris en compte dans la planification de l’opération. Il convient notamment de ne pas oublier que la masse musculaire du patient atteint de SPP a diminué. La diminution des besoins en médicaments a fait place à un besoin en sang et en liquide supplémentaire, et souvent les difficultés respiratoires posent un grand problème. La sensibilité aux médicaments des patients atteints de SPP est élevée, surtout à l’égard des narcotiques et des anesthésiants. Les relaxants musculaires doivent être évités.
L’anesthésiste doit prendre en compte le fait qu’une intubation (pose d’une sonde creuse) peut occasionner des problèmes. Il doit aussi savoir qu’avec des patients atteints de SPP, il a affaire à un besoin d’information à plus long terme, un éclaircissement sur la façon de procéder doit donc avoir lieu en compagnie du patient.
Le jour de l’opération
Principe valable pour toutes les narcoses: des mesures actives de réchauffement doivent être adoptées surtout en cas d’intolérance au froid.
Anesthésie régionale
Une détérioration au niveau neurologique est possible après une anesthésie régionale. Une décision pour ou contre cette méthode est à prendre avec l’anesthésiste, en tenant compte des avantages et inconvénients potentiels.
En cas d’anesthésie régionale, il convient, le cas échéant, de réduire la quantité d’anesthésiant utilisée. Les anesthésies régionales périphériques et centrales avec cathéter (y compris en complément à une anesthésie générale) facilitent la thérapie postopératoire antidouleurs sans utilisation d’opioïdes.
Anesthésie générale
Lors d’anesthésies générales, il faut observer les principes suivants: autant que possible ne pas recourir à des relaxants musculaires; utiliser un masque laryngé; recourir le moins possible à des opioïdes; utiliser des substances en général facilement contrôlables et qui agissent rapidement.
Un processus anesthésique possible
Préliminaires
Induction de narcose Propofol 1-2 mg / kg de poids corporel
Fentanyl 2 μg / kg de poids corporel
Relaxation musculaire Mivacurium 0,2 mg / kg de poids corporel
Anesthésie
Remifentanil 0,05-0,2 μg / kg de poids corporel/min
Desflurane ou Sevoflurane 0,4-0,8 MAC
Relaxants uniquement sous surveillance neuromusculaire par monitoring
Multimodale PONV-Prophylaxe (4 mg Dexamethasone, 4 mg Ondansetrone, 0,5 mg Haloperidol)
Ev. supplémentation avec alpha-2-agoniste
Commencer la thérapie antidouleurs! (1,5 g Novalminsulfon et Piritramid à dose réduite)
Evacuation
Aspiration dans la bouche et la gorge, préparer et, le cas échéant, antagoniser la suite de la relaxation.
Au terme de la narcose, les anesthésiants et analgésiques doivent être stoppés assez rapidement. L’anesthésie régionale devrait être poursuivie sans anesthésiques locaux.
Mesure de la force musculaire à l’aide de la relaxométrie. Phase de réveil avec assistance respiratoire.
Après l’opération
Surveillance permanente et prolongée des fonctions vitales en salle de réveil.
Exercices respiratoires, incitation à tousser, éventuellement machine CPAP ou BiPAP (prendre son propre appareil). Une assistance respiratoire et une physiothérapie par le biais d’exercices de mouvements passifs sont à réaliser sur une base neurophysique et la mobilité précoce devrait débuter le jour même de l’opération.
Elévation de la tête du lit à 30° (Prophylaxie de l’aspiration).
Mesures en vue de maintenir la chaleur.
Lors de la thérapie anti-douleurs, utiliser les opioïdes avec prudence (choisir et doser), combiner avec des médicaments non-opiacés, utiliser de préférence des moyens d’anesthésie régionale avec des analgésiques contrôlés par le patient (PCA), contrôler l’absence de douleurs.
Il est fortement indiqué de surveiller le patient par le biais de soins intermédiaires ou des soins intensifs.
La phase de réveil dure généralement bien plus longtemps chez les patients atteints de polio.

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